La citoyenneté responsable
L’objectif global de l’IPCJ est de développer la citoyenneté responsable, c’est-à-dire la capacité d’un individu à penser et à agir dans son contexte, selon ses propres valeurs, tout en tenant en compte voire en soutenant les intérêts de la communauté à laquelle il appartient. S’ils ne sont pas encore des citoyens pleinement actifs, en raison notamment de leur âge et de leur expérience, les jeunes disposent néanmoins déjà de capacités d’action significatives qui doivent être reconnues et soutenues pour qu’ils puissent s’éprouver comme acteurs émergents, c’est-à-dire en tant que personnes capables de jouer un rôle actif dès maintenant plutôt que d’attendre de le faire à l’âge adulte.
L’IPCJ a pour mission de créer des espaces qui permettent aux jeunes d’exercer et de développer leurs compétences de citoyens responsables, en tenant compte de leur niveau de maturité actuel et de leurs réalités vécues. Le cadre de l’IPCJ met l’accent sur trois dimensions de ce que serait une citoyenneté responsable :
Autonomie relationnelle : La notion de citoyenneté responsable participe d’une autonomie « relationnelle ». Elle reconnaît les effets des déterminants sociaux complexes et interconnectés sur le sentiment qu’un individu peut avoir des sa capacité d’action. On pense à des variables comme la race, la classe sociale, le genre et l’ethnie, auxquels s’ajoutent les effets des points de vue âgiste et adultiste (Mackenzie et Stoljar, 2000). Développer une telle autonomie présuppose de réfléchir sur ses désirs, ses valeurs et ses engagements, pour les affirmer, pour se comporter conformément à ses principes, même face à la résistance des autres (Friedman, 2003 : 99). Si le répertoire de choix autonomes des jeunes est généralement moins vaste que celui des adultes, ils sont tout de même capable d’une « stabilité volitionnelle » ou d’une cohérence modérée dans leurs engagements, façonnant leurs motivations à poursuivre et à réaliser des objectifs spécifiques, avec l’aide de personnes de confiance (Mullin 2014). En soutenant cette capacité naissante d’autonomie relationnelle, l’IPCJ peut aider les jeunes à identifier et à mettre en œuvre ce qui compte pour eux en tant que citoyens responsables en devenir.
Conscience sociale : Directement liée à l’autonomie relationnelle, la notion de conscience sociale permet d’affiner celle de citoyenneté responsable. L’identité des agents est perçue comme construite à même le contexte social qui l’influence et qu’elle influence en retour. Le plus important n’est pas seulement d’être capable d’exprimer de manière authentique sa singularité et de déterminer son propre chemin de vie, mais également de parvenir à reconnaître les « horizons de signification préexistants » (Taylor, 1991) qui servent de toile de fond à cette construction identitaire. Lorsque les jeunes reconnaissent leur ancrage social, ils peuvent circonscrire leurs propres préférences et s’engager dans des décisions en tenant compte des préférences des autres. Cette posture est considérée comme une source de bien-être accru et d’une plus grande liberté plutôt que comme un type de sacrifice ou de violence contre soi. En somme, cette contrainte volontaire permet de répondre aux obligations des uns envers les autres (Ballet et al, 2007 : 198). Les projets de l’IPCJ visent précisément à sensibiliser les jeunes à cette conscience sociale.
Participation : L’engagement des jeunes comme citoyens émergents, y compris lorsque cela concerne des actions que les adultes considèrent relativement insignifiantes, doit être encouragé. Ces efforts montrent qu’ils sont capables d’exprimer leurs points de vue, leurs préférences, leurs priorités, et qu’ils sont plus que de simples « bénéficiaires de liberté » passifs (Ballet, Biggeri & Comim, 2011). L’IPCJ aspire à créer des espaces de participation pour les jeunes pour soutenir leur participation à des discussions sur des situations qui les impliquent et des enjeux qui les concernent directement : que font-ils de leur temps libre ? Quelles sont les relations qu’ils privilégient ? Qu’étudient-ils à l’école ? De nombreux pays s’ouvrent à cette reconnaissance des jeunes comme citoyens responsables, commencent à se mettre à leur écoute pour des prises de décisions importantes qui les affectent au premier chef. On peut citer les gardes partagées, les décisions médicales dans des situations d’urgence ou dans les cas de maladies en phase terminale, les questions soulevées par l’éthique familiale (Kopelman and Moscow, 1989 ; Baylis and Mcleod 2014). L’IPCJ souhaite soutenir ces démarches en initiant ses propres projets.