La chaussette manquante
Objectif : Faire briller tes points de vue sur le concept du manque en transformant une chaussette dépareillée en marionnette ! |
Durée : 30 à 60 minutes
Matériel :
- Ton imagination
- Une chaussette dépareillée
- Feuilles de papier, cartons
- Crayons de couleur, crayons feutres, gomme à effacer
- Ciseaux, colle, matériel de bricolage
- Matériaux recyclés
Instructions :
Qui n’a jamais été confronté à ce problème : celui des chaussettes qui disparaissent dans la machine à laver ? Cette disparition peut être bien fâcheuse pour nous, qui sommes condamné.e.s à porter des chaussettes dépareillées… Mais as-tu déjà pensé à la pauvre chaussette qui a perdu sa douce moitié ? Ta mission est de communiquer les sentiments et les pensées de cette chaussette dans un spectacle où elle sera ta marionnette !
...
- Trouve ta marionnette. Fouille dans tes tiroirs ou ton panier à linge pour trouver une chaussette laissée à elle-même. Lorsque tu as trouvé une chaussette, transforme-la en marionnette en l’enfilant sur ta main. En plaçant ton pouce au niveau du talon et tes autres doigts là où logeraient normalement tes orteils, tu créeras une bouche ! Tu peux aussi lui fabriquer des yeux avec du carton ou des cheveux avec de la ficelle… laisse aller ton imagination en utilisant les matériaux que tu as sous la main !
- Imagine ton spectacle. Lorsque ta marionnette est prête, imagine son histoire. Est-elle dévastée par la disparition mystérieuse de sa compagne qui lui manque terriblement… ou se sent-elle fière de son indépendance malgré le manque de sa fidèle camarade ? Imagine ses sentiments et ses pensées depuis la disparition de son autre moitié, et ses plans pour sa nouvelle vie de chaussette dépareillée. Note toutes tes idées et transforme-les en monologue — une histoire interprétée par un seul personnage, à savoir, la chaussette.
- Prépare la scène. Pour présenter ton spectacle, tu peux construire un castelet — un petit théâtre de marionnettes — en découpant le fond d’une boîte en carton. Tu créeras ainsi un cadre dans lequel la chaussette pourra jouer ! N’hésite pas à décorer ton castelet et à ajouter des rideaux avec des morceaux de tissus. Sinon, la façon la plus simple de créer un théâtre de marionnettes est de placer deux chaises dos à dos, en laissant un espace d’environ un mètre entre les deux, et de mettre une couverture dessus de sorte que tu puisses te cacher derrière pour donner toute l’attention à ta marionnette qui dépassera sur le dessus !
- Présente ton spectacle. Quand tout est prêt et que le moment est opportun, invite tes proches à s'installer pour venir écouter l’histoire de la pauvre chaussette !
- Réfléchis à ton spectacle. Demande aux membres de ton public s’ils.elles se sont déjà senti.e.s comme une chaussette dépareillée… Comment vivent-ils.elles le manque ? Puis interrogez-vous : Quand quelqu'un nous manque, est-ce vraiment la personne qui nous manque… ou la partie de nous qui se réveille en sa présence ? Peut-on confondre le manque et la peur d’oublier… ou de se faire oublier ? Devrait-on faire en sorte que personne ne nous manque jamais ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
...
Bonus : Dans Le Banquet, Platon écrit que selon la mythologie grecque, les humains avaient à l’origine quatre bras, quatre jambes et une tête à deux visages. Ils étaient d’une force et d’une vigueur telles qu’ils entreprirent l’escalade du ciel ! Craignant leur pouvoir, Zeus les divisa en deux, les condamnant ainsi à passer leur vie à la recherche de leur partie manquante… leur âme soeur. Si le coeur vous en dit, avec ta famille, vous pouvez mettre en scène cette histoire en utilisant des paires de chaussettes ! Puis, posez-vous les questions suivantes : peut-on se sentir incomplet.e sans une personne qui nous manque ? A-t-on besoin des autres pour être une personne complète ? Existe-t-il vraiment quelque chose comme une âme soeur ? Pourquoi ou pourquoi pas ? |
Bonus plus : Qu’arrive-t-il aux chaussettes qui disparaissent dans la laveuse ? N’en peuvent-elles plus des odeurs de petits pieds et décident-elles de partir prendre de l’air frais ? Avec ta famille, imaginez la vie de ces chaussettes perdues. Ensemble vous pouvez créer une bande dessinée rapportant leurs aventures ! Leur ancienne vie leur manque-t-elle ? Selon vous, quelque chose qu’on choisit de quitter peut-il nous manquer ? Peut-il être préférable de se perdre au lieu de suivre un chemin tout tracé ? Pourquoi ou pourquoi pas ? |
Trucs pour tout-petits : Pour t’inspirer un peu, imagine qu’une paire de chaussettes se dispute dans la machine à laver et que l’une d’entre elles décide de partir... puisqu’elles ne peuvent plus se sentir ! Quelle pourrait être la cause de leur conflit ? Peut-on se disputer avec son.sa meilleur.e ami.e ? Une personne avec qui on est en conflit peut-elle nous manquer ? Pourquoi ou pourquoi pas ? Dans ton spectacle, tu pourras raconter la petite histoire de cette dispute et rapporter les sentiments et les pensées de la chaussette qui a perdu son amie... |
Adaptation pour ados : Dans la pièce de théâtre philosophique Huis clos, Jean-Paul Sartre écrit : « L’enfer, c’est les autres ». Hum… c’est peut-être pour ça qu’une chaussette a décidé de se sauver de la chaleur infernale d’une sécheuse surpeuplée ! En effet, on pourrait facilement penser que cette citation signifie que les relations avec les autres sont nécessairement terribles... mais l’idée du philosophe est un peu plus complexe que cela ! En fait, selon Sartre, c’est grâce aux autres qu’on peut savoir qui l’on est. Il affirme même que les autres sont de la plus haute importance pour la connaissance de soi. Avant d’aller plus loin, prends un moment pour te demander comment les autres t’aident à te connaître. Il y a un lien très étroit entre cette conscience de soi et la présence des autres selon Sartre. Lorsque l’on croise le regard d’une autre personne, on ne voit pas seulement cette personne, autrui, mais aussi soi vu par cette dernière, et vu comme jamais on ne peut se voir soi-même ! Les autres peuvent ainsi nous obliger à être quelqu’un que l’on n’est peut-être pas... Lorsque l’on porte un jugement sur soi, on fait nécessairement intervenir le jugement des autres. Ainsi, si on a un mauvais rapport avec autrui… celui-ci est nécessairement infernal ! Selon toi, peut-on se connaître sans la présence des autres ? Peut-on ne pas se soucier de ce que les autres pensent de nous ? Les autres nous obligent-ils.elles à être une certaine personne ? Qu’est-ce que l’on perd de soi lorsque les autres ne sont pas là ? |
Partage ta réflexion créative en l'envoyant par courriel.
Inclus des photos de tes projets et des notes de tes réflexions, ainsi que ton prénom et ton âge !